Compte-rendu de formation Mômeludies : Rennes décembre 2017

Nous vous présentons ici le compte-rendu du stage de formation ayant eu lieu du 11 au 15 décembre 2017 au Pont Supérieur, Pôle d’enseignement supérieur de Rennes. Ce travail de synthèse, écrit par l’une des participantes, Mélanie Louvel, reflète l’esprit dans lequel se déroulent les formations Mômeludies, avec la découverte pratique du répertoire ainsi qu’une session d’improvisation et composition (Labo Impro Compo). 

L’association Mômeludies remercie vivement Mélanie Louvel de nous avoir autorisés à publier son travail !

Vous pouvez lire l’article ci-dessous ou le télécharger : Formation Mômeludies 11 au 15 décembre 2017

Participants

Une équipe de 9 musiciens intervenants : Sanela Balic, Marie Baudouin, Anne Berry, Yann Bonnec, Nicolas Cuenot, Arnaud Halet, Mikel Iraola, Hervé Le Bitter, Mélanie Louvel (et Mathilde Vincent, invitée).

Espace et logistique

Nous avons été bien accueillis par l’équipe du Pont Supérieur qui nous a octroyé deux salles chaque jour. Cela nous a permis de côtoyer des étudiants, des enseignants (Melaine Dalibert, Raul Henriquez…) et ainsi, de connaître une partie de leur pratique. À noter que de nombreux projets naissent d’une rencontre, cette expérience est à renouveler dès que possible.

Formateurs

Gérard Authelain et Manuel Coley. Leur approche pédagogique du répertoire vocal et instrumental contemporain et leur vision humaniste du métier de musicien intervenant ont été très appréciées de l’ensemble de l’équipe des musiciens intervenants. Nous avons été sensibles à la grande qualité de leur transmission et la complémentarité des deux parties.

Histoire de Mômeludies / Patrimoine

Gérard Authelain nous a fourni un livret de travail Mômeludies, catalogue d’une dizaine de pièces éditées.

Aborder ce répertoire sur 5 matinées nous a permis :

  • de connaître plus précisément l’histoire du métier de musicien intervenant
  • de (re)découvrir des compositeurs de musique contemporaine tels que Claire Renard, Robert Pascal, Jacques Rebotier, Guy Reibel, Jacques Lejeune, Marie-Hélène Fournier
  • de collecter des ressources alimentant notre fonds d’outils pédagogiques
  • prendre le temps d’analyser, de chercher
  • de pratiquer en petits groupes ou ensemble, et de monter certains extraits de « Mespl » pour chœur et percussion ; « Clair d’Oiseaux » pour chœur et bande magnétique ; « Baba Mandela » ; et « Smartmômes », pièce utilisant des applications SmartFaust (Grame, CNCM).

Ce répertoire prend tout son sens quand il est abordé par l’échange. L’interaction entre le musicien et le groupe est essentielle. Le déchiffrage de la partition n’est venu que dans un second temps, une fois que nous nous sommes appropriés les codes de façon ludique. Cette démarche est tout à fait cohérente par rapport à notre façon d’exercer notre métier.

En a découlé un approfondissement de la réflexion sur :

  • la transmission au groupe quel que soit l’âge
  • une approche spatiale et chorégraphique du son (« Toekoetschak », « Qui dit bulle » « Nyami Abe »)
  • l’écoute et l’anticipation
  • la sensibilité liée au geste musical
  • le rôle d’une partition et son utilisation (parfois mode d’emploi, parfois empreinte, ou bien témoin d’une époque)
  • la notion de « concert Mômeludies »

En expérimentant l’interprétation d’une œuvre étroitement liée à une bande-son (Clair d’oiseaux), nous faisons le constat que l’écoute est largement accrue.

NB : émerge l’idée d’étendre cette pièce aux instrumentistes débutants ou bien de s’en inspirer pour la mise en route des orchestres à l’école de première année.

Smartmômes – Smartfaust

La direction de dos (voir vidéo) invite le chef d’orchestre à diriger plus au résultat sonore qu’au regard, nous devenons alors extrêmement sensibles au silence, à la nuance et aux subtilités du son. Réflexion également sur la rigueur. Jusqu’où peut-on aller dans la liberté d’interprétation tout en respectant une composition et son contexte ? Constat de l’importance de la posture : selon l’inclinaison du téléphone, une modulation sonore est opérée. Selon le mouvement de l’appareil, le silence se fait ou non.

Tout ce volet a suscité l’intérêt de tous les musiciens intervenants, car nous nous sommes nourris d’éléments pour enrichir nos créations. Sur seulement deux jours de formation (format plus habituel), nous n’aurions pas pu aborder tous ces aspects.

Volet « Labo Impro Compo »

Manuel Coley, au travers de jeux vocaux, de jeux de souffle, d’improvisations sur un bourdon, d’un  mode, d’une rythmique, d’une boucle, nous a transmis son savoir-faire ainsi qu’une démarche personnelle du processus de création.

Très attentifs au choix du texte, nous avons constaté l’impact de la prosodie sur la clarté du message que nous voulons communiquer à travers une œuvre vocale.

Bien que nous soyons expérimentés et tous formés au travail de la voix et du chant, en nous laissant guider par la pratique de Manuel et ses contraintes, nous avons :

  • repris et approfondi les bases de la pratique vocale
  • abordé les étapes de la formation de l’oreille musicale
  • découvert la poésie basque et serbo-croate
  • expérimenté l’improvisation collective
  • collecté des outils musicaux permettant de dédramatiser la composition
  • entamé un travail de création individuelle
  • été mis en situation d’apprenant, avec ses échecs et ses réussites
  • mis en situation de compositeur (9 pièces en chantier)
  • mis en évidence notre capacité à créer dans le groupe ou à préférer l’isolement
  • enregistré, retravaillé des passages, créé une mémoire collective
  • mis en lumière la nécessité de clarifier une consigne pour mieux la transmettre

Pour la plupart des musiciens intervenants, même si nous chantons tous, une majorité d’entre nous est instrumentiste. Il nous apparaît important d’avoir pu nous recentrer sur notre voix pendant 5 demi-journées et ainsi d’être revenus sur les fondamentaux du domaine vocal.

Puisque la création passe par une réactivation de la mémoire, l’aller-retour quotidien entre le répertoire contemporain et l’improvisation a enrichi notre pratique. De plus, cela a renforcé notre champ de compétence en matière de composition.

Cette semaine de formation a été l’opportunité de croiser les échanges et de repartir avec des questions :

  • Qu’est-ce que chanter bien ? (qualité, respect du style, de la tradition, sens des mots, de la musique)
  • Qu’est-ce que la vocalité ?
  • Qu’est-ce que le chant du monde dans notre ère géographique ?

En effet, quand nous intervenons dans des lieux où se côtoient parfois plus de 20 nationalités, cela mérite que l’on y réfléchisse.

Synthèse

Bien qu’il côtoie de nombreux partenaires et des groupes d’enfants, le musicien intervenant est solitaire. Cette semaine entièrement dédiée à la formation nous a été bénéfique sur plusieurs plans :

D’abord, nous avons éprouvé du plaisir à être ensemble.Tant pour les collègues présents depuis plusieurs années que pour les nouveaux arrivés, c’est un renforcement du sentiment d’être membre d’une équipe compétente, riche de plusieurs personnalités artistiques. Nous avons d’ailleurs convié Mathilde Vincent qui est venue quelques heures sur son temps libre.

En rompant l’isolement, cela nous permet de mettre en commun nos connaissances, nos points de vue et notre savoir-faire au service de musique à l’école. Nous formons le souhait de faire évoluer nos réunions pédagogiques mensuelles dans ce sens, en privilégiant du temps de recherche musicale en équipe.

De plus, cela a ravivé pour certains la curiosité et l’élan vers le répertoire vocal et instrumental contemporain Mômeludies, non dénué de finesse et d’humour.

Le fait de nous former à cette pratique, ainsi qu’au répertoire de musique numérique nous donne envie de les intégrer davantage aux projets en milieu scolaire. Nous avons gagné en qualité de direction et en connaissances que nous allons pouvoir réinvestir au sein de nos séances.

Cela nous donne également des pistes pour croiser des projets avec les autres départements du conservatoire et des partenaires (le collège Saint-Exupéry, l’hôpital…)

Manuel Coley et Gérard Authelain nous encouragent à continuer tout au long de l’année notre travail de composition, que nous le testions et l’enregistrions, pour enfin le leur transmettre. Du moins, ceux qui le souhaitent. Ces créations, une fois abouties pourraient être jouées dans les écoles où nous intervenons.

Les thématiques étant déjà définies pour l’année 2017/2018, cette proposition est peut-être à re-transposer pour l’année 2018/2019 (milieu scolaire, orchestres, Ecole en chœur).

Cela nous donnera le temps de revoir le fonds de partitions Mômeludies existant à la bibliothèque du conservatoire que l’on peut utiliser ou étoffer.

Les retours de nos formateurs sont positifs. Ceux-ci ont été sensibles notamment, à l’esprit de partage qui règne au sein de l’équipe des musiciens intervenants de Rennes.

 

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